mardi 24 août 2021

De la resquille


Lorsque, adolescent, je voulais voir un film interdit au moins de 18 ans, je m'arrangeais pour entrer au cinéma quand même. Je paraissais plus vieux que mon âge, si bien que la guichetière et le cerbère chargé de déchirer le ticket à l'entrée de la salle n'y voyaient que du feu. Pour plus de précautions, j'avais sur moi la carte d'identité fatiguée d'un ami ayant l'âge légal et à qui, bien sûr, je ressemblais. On ne me la demanda jamais. En fait, je ne crois pas que la dame du guichet et le cerbère étaient dupes. Heureux temps où les préposés des "lieux de culture" n'avaient pas une mentalité de contrôleurs. Ils devaient se foutre pas mal de ma santé mentale quand j'allais voir La Horde sauvage, Les Damnés, ou Les Sans-culottes s'éclatent à Saint-Tropez. Toujours est-il que, à la faveur de l'obligation de présenter un passeport sanitaire pour accéder à tel ou tel endroit, je me retrouve aujourd'hui dans la situation de mes années de resquille. Pour passer les check-point je dispose d'un moyen que je tairai. Cela m'amuse assez. Mais, je ne puis qu'éprouver un malaise à l'idée que tous les gens qui m'entourent ont, de bon ou de mauvais gré… consenti.

 

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