Je fis la connaissance de Raphaël Sorin en 2005 au salon du livre d’Hossegor. Il publiait chez Finitude ses Produits d’entretiens, recueil d’articles sur des francs-tireurs de la littérature (Forton, Norge, Bounoure, Scutenaire, Ribemont-Dessaignes, Enard…), et mézigue, chez le même éditeur, mon Traité du cafard. Les organisateurs du salon eurent l’idée de nous faire papoter devant le public de notre passion pour les livres. Très vite nous nous mîmes à déconner, montrant par-là notre réelle passion, au grand désarroi de la modératrice qui ne put rien modérer du tout et pour la plus grande joie de l’auditoire. Une amitié était née. Nous nous revîmes à Paris quelques fois. Je faisais parler Raphaël de son travail d’éditeur. Il m’évoqua son amitié pour Gérard Guégan, Roland Jaccard, Michel Houellebecq, Michel Polac. Il maîtrisait l’art du portrait en quelques traits d’esprit. Très flatteur avec ceux qu’il aimait, impitoyable avec ceux qu’il méprisait. Mais toujours rigolard. Nous nous sommes vus une dernière fois en 2010. Je suivais ses chroniques sur son blog abrité par Libération. Un régal de style. Quand Raphaël Sorin était gamin, son idole était Humphrey Bogart. Il portait le même trenchcoat et se baladait avec une cibiche au bec. So long, Bogie.
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