Hier, comme prévu, j’ai dédicacé mon Dictionnaire chic. À cause d’une panne
d’électricité, la séance n’a pas eu lieu au Bookstore, mais juste en face, de
l’autre côté de l’avenue, au premier étage d’un petit restaurant: le Sésame. Il
est venu du monde, comme on dit. J’ai improvisé une causerie qui tourna assez
vite en une conversation aimable et détendue. L’ami Tristan, que je croyais à
Paris, apparut par surprise. Ce fut un moment agréable. En rentrant chez moi,
je songeai combien il est étrange que des gens se déplacent pour venir papoter avec un type comme moi qui se croit tellement seul quand il prend la déposition
de ses humeurs. À ces occasions, je veux parler des séances de signature, j’apprends
même que j’ai des lecteurs fidèles. En me lisant, des anonymes me connaissent
davantage que je ne les connaîtrai jamais. La littérature impose un commerce
des âmes inégalitaire. Ce samedi soir, cependant, j’ai reçu une belle leçon
d’humilité. Je ne suis pas si incompris que je me plais à le croire.
Ah ! quand même !
RépondreSupprimerÊtre compris peut être un drame, mais l'inverse l'est tout autant. Entre un auteur et ses lecteurs, il y a une sorte de romance équivoque. Votre étonnement m'étonne, vous êtes pour certains le seul renégat qui vaut encore la peine d'être lu. Une baise a potentiellement beaucoup plus de chance de me décevoir qu'une de vos lignes.
RépondreSupprimerAmicalement, K.L.
La « baise » est triste hélas, heureusement vous n’avez pas lu tout Schiffter.
SupprimerIl me manque 2 ou 3 ouvrages il est vrai. Pourquoi, suis-je censé conclure le contraire lorsque j'aurai tout lu Schiffter?
SupprimerLa chair n'est pas triste, mais sans surprise. Comme mes livres...
SupprimerAh mais j'ai tout l'univers pour me décevoir, ne vous en faites pas pour moi.
SupprimerSi. La chair est triste. Seule la tendresse, comme disait dirait "Dédé" et, avant lui, Montaigne, la tendresse ?
SupprimerQue vous me publiez ou non, je m'en tamponne le crabe.
A.
Hier soir, en assistant à la « Danse du diable » de Caubère, j’ai pu voir le face à face du comedien et de son public gauche gnangnan. La jeune femme brune qui m’accompagnait me dit : « Tous ces gens ont l’air tellement sûrs de leur ‘bon goût’ ». J’acquiescais et lui faisait part de ma surprise : ce sont ‘ces gens’ qui allaient à la rencontre de Caubère, polemiste, communiste, atrabilaire revolté, pourfendeur de la scène theâtrale parisienne, lecteur et admirateur de sade, libertin que la mentalité ‘bourgeoise’ insupporte. Le spectacle defend ses idées. Par deux fois, dans le feu de l’action scenique, nous vîmes Caubere arroser les premiers rangs d’un phenomenal crachat pluvieux et brillant. Un arrosoir automatique. (S’il avait pu arroser la salle entière, je crois qu’il l’aurait fait). Je n’ai pas pu m’empêcher de lui donner raison. Et l’admirer encore plus. Mon amie et moi (heureusement eloignés de la scène) avons bien ri. Ce n’était pas un hasard selon nous. Caubère avait probablement saisi le malentendu de son succès. Sa danse achevée, le public gauche gnangnan et les premiers rangs lui firent une ovation. Pierre L.
RépondreSupprimerEt parfois, toujours cher Frédéric, encore plus fidèle au delà de toute exclusion de ce forum... En attendant impatiemment de vous entendre chez Adèle mercredi prochain à propos de notre vieil Arthur... Amitiés.
RépondreSupprimerJe vais tâcher de ne pas me brouiller avec les mânes du Grand Patron — comme l'appelait Cioran.
RépondreSupprimerEn tous cas, heureux de reprendre une conversation avec vous en cette heureuse circonstance.. Grazie !
RépondreSupprimerVous n'êtes pas incompris ?… Mais c'est dégueulasse !… Vous le méritez pourtant !… Voilà une une raison de foutre le feu au Collège de France !… Ils ne sont même pas capables de vous incomprendre !… On aura tout vu !…
RépondreSupprimerAh, cher Frédéric... Si désormais, même vos lecteurs se mettent à être des donneurs de leçon, d'humilité en l'occurrence, vous êtes vraiment seuls. Il n'y a pas à dire, la vie est une véritable tragédie.
RépondreSupprimerMais, votre dernière phrase me fait penser aussi à ce qu'en tant que lecteur, il a pu m'arriver de penser à ce que j'ai pu ressentir en vous découvrant : Je n'étais donc pas le seul à être traversé par des pensées si "noires" que je pouvais me plaire à le croire.
RépondreSupprimerBien à vous, cher Frédéric.