"Pour suggérer combien les destinées humaines sont
fragiles et aléatoires, Héraclite écrivait: «Le temps est un enfant
qui joue au tric-trac. Royauté d’un enfant.» Or, comme s’il eût la réminiscence
de cet aphorisme, Peckinpah nous en proposait une version sauvage. La première
séquence [de The Wild bunch] montrait un petit groupe d’enfants accroupis devant une ornière
se réjouissant de l’agonie d’un scorpion qu’ils avaient capturé et jeté au
milieu d’un grouillement de fourmis rouges. Puis, comme si la cruauté de ce
spectacle ne leur suffisait pas, les gamins mettaient le feu aux bestioles,
redoublant ainsi de joie et d’hilarité. Là, en quelques secondes, Peckinpah
nous délivrait sa vision de l’humanité. Le monde est une horreur parce qu’il
est infesté d’humains, espèce dont la férocité surclasse celle de toutes les
espèces animales les plus venimeuses et qui se manifeste déjà pleinement chez
les petits — comme on peut l’observer dans cette première scène filmée à la
manière d’une leçon de choses."
In La Beauté, une éducation esthétique
(Éditions Autrement)
Cher Frédéric,
RépondreSupprimerIl se trouve, me semble-t-il, sur l’affiche de radio France une faute du goût manifeste…
Eussions-nous été parisiens que nous n’en serions pas moins venus vous saluer.
Vous souhaitant de réjouissantes séances de dédicaces ;
Amicalement
Axel
Cher nihiliste,
RépondreSupprimerPuisque nous nous sommes délecté de la lecture de votre bel ouvrage, nous viendrons certainement vous rendre visite. Nous nous efforcerons de ne pas nous montrer philistin pour l'occasion. Cependant, nous implorons par avance votre indulgence car notre éducation esthétique n'est pas encore parfaite.
Cordialement
Loïc
Ce fut un plaisir que de vous y voir.
RépondreSupprimerCordialement.
Pierre-Yves
Cher Frédéric,
Supprimeraprès avoir quelque peu hésité, puis parlé et écrit de ce petit tour au salon du livre au salon du livre pour vous voir, et quelques remarques d'amies, me voilà donc à poster en commentaire, un peu de ce que tout ça m'a inspiré, et un peu plus long que le dernier commentaire (en deux fois, j'ai atteint la limite de caractères). Amicalement, Pierre-Yves.
Avant-hier, je suis allé au salon du livre de radio France, en grande partie pour y rencontrer Frédéric Schiffter.
J'ai découvert l'auteur, il y a un peu plus de deux ans, grâce à une amie, et ai de suite accroché à l'écriture, la vision de la philosophie et des philosophes, l'apprentissage de la pensée, l'amour de "l'ennui voluptueux", la pertinence de concepts tels que le Chichi, le Blabla, et le Gnangnan, bref, toujours est-il que depuis ces deux ans, j'ai lu nombre de ses livres, suis régulièrement son blog. J'ai trouvé dans ses écrits de l'inspiration pour mes réflexions, eu l'envie de lire d'autres auteurs auxquels il faisait référence, bref, tout un cheminement de la pensée, que j'ai beaucoup aimé.
En temps normal, je n'aime pas trop ça. Les scéances de dédicaces, d'autographes, je trouve ça un peu con. Ou en tout cas, je crois que ce que je trouve le plus con là dedans, c'est cette sorte d'assymétrie qui se crée entre l'écrivain, l'acteur d'un coté, et la personne lambda de l'autre. D'un coté l'auteur donne de son temps, mais de l'autre que lui apportons-nous? L'impression que ça me donne aussi, parfois, c'est que je trouve que ça a un peu un coté "tiens, allons voir la bête du zoo", alors que bon, on a toujours affaire à des êtres humains tels que nous, qui auront certes fait des choses différentes mais toujours des êtres humains.
Enfin, bref, toujours est-il que j'y suis donc allé, le plaisir de pouvoir mettre un visage, de pouvoir mettre quelqu'un sur les nombreux écrits que j'ai pu lire. Quelque chose de très intéressant. On a même eu le plaisir de discuter un peu (en tout cas pour moi). Il trouvait qu'il y avait trop de monde, s'est un peu excusé de se sentir mal à l'aise du coup. J'ai eu quelque part, ce putain de sentiment de malaise, quand on se retrouve tout d'un coup, face à "l'Auteur", qu'on rencontre "la star", un peu gêné de mon manque de "background philosophique", et de connaissance sur le sujet (c'est le genre de choses qui ne m'arrive que très très rarement), en général, je m'en fous un peu, et puis je sais pas quelque part, je trouve que quand on rencontre quelqu'un ou qu'on voit un être vivant, normalement (pour moi en tout cas) ce n'est pas le genre de chose qui importe. J'ai eu le plaisir de l'entendre dire un beau "qu'importe", il m'a parlé un peu de son blogue, je l'ai vu prendre plaisir à se lancer parfois dans quelques tirades, eu l'impression qu'il se demandait parfois un peu qui j'étais, si ces tirades allaient faire mouche ou pas, à qui il avait affaire. J'ai fait quelques références je pense assez a propos sur certains de ses articles de blog, qui ont eu l'air de l'amuser, un petit commentaire assez amusant aussi sur sa dédicace.
SupprimerEnfin toujours est-il qu'au final, il m'a dit de poster plus de commentaires sur son blog. Chose à laquelle, j'ai évidemment répondu que je n'avais pas grand chose d'intelligent à dire, (encore une arrivée des préjugés pourris dont je parlais un peu avant), ce dont il s'est avec amabilité empressé de me détromper. (Euh, merde). Souvent, quand je pense à des trucs intelligents, soit je les garde pour moi, soit je les écris quelque part où il y a peu de chances qu'ils soient lus, soit je les garde juste pour moi, et je me dis qu'en vrai tout les monde s'en fout. Parce que dire quelque chose d'intelligent, ou de beau des fois, ça peut donner en face l'impression d'être con, ça peut renforcer ce sentiment, ça peut créer ce décalage dont je parlais plus haut, ça peut être pris comme une attaque contre des croyances, comme une demande de conseil (parce que parfois, la chose intelligente, c'est juste de constater une évidence comme "je ne sais pas", point de base à une démarche d'apprentissage ou d'exploration, que c'est rarement transcendental) etc...
Cher Pierre-Yves,
SupprimerQuand je rencontre un de mes lecteurs, j'ai toujours le trac. Avec vous, le courant est passé immédiatement. La "star", cependant, a dû vous paraître bien éteinte. La séance de dédicaces se passait à l'heure de ma sieste et, de plus, ce chapiteau était bien bruyant. J'espère que je ne vous ai pas trop ennuyé.
Bien à vous,
FS
Cher Frédéric,
RépondreSupprimerJe repensais aujourd'hui à cette brève et légère conversation que nous avions eu autours du (supposé) spinozisme de Clément Rosset. Vous affirmiez que ça n'est qu'un horrible malentendu répandu méthodiquement par le diabolique (mais néanmoins délicieux) Raphaël Enthoven. Or, je pense avoir déniché une preuve irréfutable d'un spinozisme avéré chez Rosset et qui plus est énoncé par Rosset lui-même dans un entretient avec Raphaël Enthoven que l'on peut réécouter ici :
http://www.dailymotion.com/video/x9sybn_crosset6_webcam
Clément Rosset y dit clairement (à partir de 11:10) : "C'est pourquoi je suis avant tout spinoziste. C'est pour moi le philosophe de la vérité absolue (...) Tout est admirable chez Spinoza (...)"
Cher Frédéric, je suis persuadé que tout ceci n'est qu'un affreux complot de votre perfide ami et, bien que moi-même infecté par le spinozisme, je vous pris tout de même instamment de m'apporter vos lumières sur cette épineuse question.
Impatient de vous lire, je vous adresse néanmoins toute mon amitié.
Loïc
Cher Loïc,
RépondreSupprimerJe vous répondrai en disant que si C. Rosset était spinoziste, il n'aurait pas été un grand commentateur de Schopenhauer et l'ami de Cioran, deux auteurs auxquels il a consacré des textes profonds, luminueux et drôles — et, en revanche, aucun sur Spinoza qu'il semble redécouvrir à l'occasion de cette émission. Cette concession faite à R. Enthoven n'est qu'une concession. De même est-il surpris quand son hôte lui rappelle qu'il est, lui, Clément Rosset, un défenseur de la gentillesse et de la générosité — thèmes totalement absents de ses écrits.
À vous,
FS