Bien avant de le rencontrer, j’avais envoyé à
Michel Polac ma Lettre sur l’élégance. Au lieu de me répondre, il
écrivit dans L’événement du Jeudi que mes «cinquante pages insolemment
futiles» formaient à ses yeux une sorte de bréviaire de «dandysme
situationniste». Une dizaine d’années plus tard, ce fut dans Charlie-Hebdo
qu’il salua mon Blabla. En cette époque où un large public consommait
déjà quantité d’ouvrages de sagesse de ceci ou de cela ou de recettes pour
se procurer « que du bonheur » — il trouvait bon de lire, disait-il
sans mégoter, un auteur qui appartenait à la «race des Cioran». Inutile de
préciser que lorsque, plus tard encore, Roland Jaccard, notre éditeur, me le
présenta, je pus enfin lui exprimer de vive voix les réserves que
m’inspirait son sens de l’éloge exagéré à mon égard, mais, en revanche, toute
ma reconnaissance pour avoir révélé à l’attention des amateurs de philosophie cruelle
et drôle l’existence de Clément Rosset lors de son émission Droit de réponse.
Si je devais dépeindre le personnage de Michel Polac, j’évoquerais une sorte
d’Alceste, le flegme et le sourire en plus, détestant comme il se doit les
faux-culs et les petits marquis de la télévision et de la radio, mais désireux
d’imposer dans les media, quitte «à rompre en visière à tout le genre humain», la
marque de son goût avisé en matière de livres. Avec lui disparaît un style de
franchise. Les faux-culs et les petits marquis de la promotion éditoriale sont
tranquilles. Devant les auteurs à la mode et en présence d’un public ignare, ils
peuvent s’adonner à leurs contorsions reptatoires.
Polac avait un certain flair littéraire. Quand son émission "Droit de réponse" était consacrée une fois par mois à la littérature, on ne perdait jamais son temps à l'écouter, lui et ses invités. Il faisait mieux que Pivot, qualitativement. Si un livre lui plaisait, il avait ses raisons, souvent bonnes. Tout ça n'existe plus aujourd'hui...
RépondreSupprimerOui Frédéric, mais quoi lire de Clément Rosset?
RépondreSupprimerTout.
SupprimerLes ouvrages parus chez Minuit me paraissent plus abordables que ceux parus aux puf. Vous semblez motivé Philippe. Procurez-vous L'Ecole du réel. Y figurent tout ce dont vous semblez vouloir prendre connaissance.
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