Prendre la philosophie par le sentiment... Paradoxal et séduisant programme. Je n’ai pas lu le livre. Le billet "En librairie aujourd'hui", oui, par contre (quatrième de couverture ?) et le précédent, "Difficile aliénation", qui oppose aliénation et exploitation.
L’exploitation ne mènerait à rien, rien de plus que ce rôle figé, l’aliénation conduit à autre chose qui serait soi. L’aliénation serait comme un jeu. Jeu est un autre. L’artisan-artiste, en créant l’objet dans lequel il est, se divertit. Fait diversion, dix versions, mais de quoi, de qui ?
Où Perros dit que "l'écrivain n'est jamais que le nègre de l'enfant qui a déjà tout vu", consacrant par là le sujet et plus encore le dédoublant dans une hiérarchie chronologique (enfant qui voit, écrivain qui maîtrise l’outil, écriture enfin), Alfieri s’interroge : "Mais chaque phrase n’a-t-elle pas, avant même de prendre forme, un auteur dont elle servira le propos ?" S’interroge mais pas longtemps : "L’idée d’un sujet de l’énonciation, l’idée d’un désir mû par des objets et l’idée même de quelque chose à dire sont des effets secondaires de la phrase, de son instauration rétrospective ; elles se forment après coup. L’illusion que ce sujet, ce désir et ce vouloir-dire existent avant la phrase n’est que l’image déformée, passivement contemplée de cette première rétrospection active. Ce qui semble déterminer la phrase de l’extérieur en fait partie. L’instauration de la phrase est la phrase."
Pour autant, cette idée répandue de "l’illusion du soi" mérite une correction. Le soi est une réalité puissante. À l'instar de toute convention. Avec pour l’instaurer et activement l’entretenir, la loi, l’éducation, la tradition, l’habitude, la littérature, le théâtre, les arts en général, la philosophie, la culture.
Le stylo et l’ordinateur ont-ils une intention et l’écriture est-elle à leur service, au service d’une personne réduite à quelques tics ? Si de ce point de vue Ortega Pessoa Nietzsche et les autres n’existent pas, l'écriture de "Philosophie sentimentale" sans doute les (ré-)inventera -et Schiffter soi-même pour le coup- par et en elle-même.
Y a-t-il une existence avant l’écriture ?
RépondreSupprimerPrendre la philosophie par le sentiment... Paradoxal et séduisant programme. Je n’ai pas lu le livre. Le billet "En librairie aujourd'hui", oui, par contre (quatrième de couverture ?) et le précédent, "Difficile aliénation", qui oppose aliénation et exploitation.
L’exploitation ne mènerait à rien, rien de plus que ce rôle figé, l’aliénation conduit à autre chose qui serait soi. L’aliénation serait comme un jeu. Jeu est un autre. L’artisan-artiste, en créant l’objet dans lequel il est, se divertit. Fait diversion, dix versions, mais de quoi, de qui ?
Où Perros dit que "l'écrivain n'est jamais que le nègre de l'enfant qui a déjà tout vu", consacrant par là le sujet et plus encore le dédoublant dans une hiérarchie chronologique (enfant qui voit, écrivain qui maîtrise l’outil, écriture enfin), Alfieri s’interroge : "Mais chaque phrase n’a-t-elle pas, avant même de prendre forme, un auteur dont elle servira le propos ?"
S’interroge mais pas longtemps : "L’idée d’un sujet de l’énonciation, l’idée d’un désir mû par des objets et l’idée même de quelque chose à dire sont des effets secondaires de la phrase, de son instauration rétrospective ; elles se forment après coup. L’illusion que ce sujet, ce désir et ce vouloir-dire existent avant la phrase n’est que l’image déformée, passivement contemplée de cette première rétrospection active. Ce qui semble déterminer la phrase de l’extérieur en fait partie. L’instauration de la phrase est la phrase."
Pour autant, cette idée répandue de "l’illusion du soi" mérite une correction.
Le soi est une réalité puissante. À l'instar de toute convention.
Avec pour l’instaurer et activement l’entretenir, la loi, l’éducation, la tradition, l’habitude, la littérature, le théâtre, les arts en général, la philosophie, la culture.
Le stylo et l’ordinateur ont-ils une intention et l’écriture est-elle à leur service, au service d’une personne réduite à quelques tics ?
Si de ce point de vue Ortega Pessoa Nietzsche et les autres n’existent pas, l'écriture de "Philosophie sentimentale" sans doute les (ré-)inventera -et Schiffter soi-même pour le coup- par et en elle-même.
Hors l’écriture point de salut.