On dit que depuis les
attentats de janvier dernier, les Français redécouvrent l’«esprit
voltairien». Le Traité sur la
tolérance s’arracherait dans les
librairies. Heureusement qu'ils ignorent le Dictionnaire philosophique (clic). J'ai en mémoire l’article «Juifs» qui y
occupe une bonne dizaine de pages et dans lequel Voltaire déroule des amabilités à l'encontre — dixit — du "peuple chéri de Dieu". En voici un bref extrait choisi pour sa modération:
"[…]Vous demandez ensuite si les anciens
philosophes et les législateurs ont puisé chez les Juifs, ou si les Juifs ont
pris chez eux. Il faut s’en rapporter à Philon: il avoue qu’avant la traduction
des Septante les étrangers n’avaient
aucune connaissance des livres de sa nation. Les grands peuples ne peuvent
tirer leurs lois et leurs connaissances d’un petit peuple obscur et esclave.
Les Juifs n’avaient pas même de livres du temps d’Osias. On trouva par hasard
sous son règne le seul exemplaire de la loi qui existât. Ce peuple, depuis
qu’il fut captif à Babylone, ne connut d’autre alphabet que le chaldéen: il ne
fut renommé pour aucun art, pour aucune manufacture de quelque espèce qu’elle
pût être; et dans le temps même de Salomon ils étaient obligés de payer
chèrement des ouvriers étrangers. Dire que les Égyptiens, les Perses, les
Grecs, furent instruits par les Juifs, c’est dire que les Romains apprirent les
arts des Bas-Bretons. Les Juifs ne furent jamais ni physiciens, ni géomètres,
ni astronomes. Loin d’avoir des écoles publiques pour l’instruction de la
jeunesse, leur langue manquait même de terme pour exprimer cette institution.
Les peuples du Pérou et du Mexique réglaient bien mieux qu’eux leur année. Leur
séjour dans Babylone et dans Alexandrie, pendant lequel des particuliers purent
s’instruire, ne forma le peuple que dans l’art de l’usure. […] Enfin vous ne trouvez en eux qu’un peuple
ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la
plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les
peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent." Et de conclure: "Il ne faut pourtant pas les
brûler." Là, on retrouve Voltaire.
"Si chaque idiot était marqué d'un point rouge, la Terre serait un immense champ de coquelicots" Et nous serions au milieu du champ de coquelicots, eh oui !
RépondreSupprimerBon, résumons-nous :
RépondreSupprimer"Idiotès, idiot, signifie simple, particulier, unique […]. Toute chose, toute personne sont ainsi idiotes dès lors qu’elles existent en elles-mêmes, c’est-à-dire sont incapables d’apparaître autrement que là où elles et telles qu’elles sont" écrit C. Rosset.
Donc, si idiot veut dire unique, la "pensée unique" serait donc une pensée idiote ?
Je m'interroge.
Alain (l'odieux du village)
La pensée unique dans les médias empêche le débat public, les contre-arguments et finalement étouffe la liberté d’expression.
RépondreSupprimerIl est impossible de traiter sereinement les sujets et ce, dans de nombreux domaines.
Ainsi, on oppose stérilement énergies et énergies fossiles ; agriculture intensive et écologie.
Quand on aborde la laïcité, on nous rétorque « laïcisme », nouveau mot à la mode !
Quant à l’immigration, pas touche, sujet tabou !
Merci de ce rappel opportun, en ces temps si difficiles à vivre. Bruits de barbe, vacarme sanguinaire des barbes.
RépondreSupprimerEn écho, Nuageneuf, à votre lien sur votre blog, sur les "belles juives", je me souviens, il y a fort longtemps, je demandais à mon professeur de philosophie ce qu'il pensait de l'écrivain Guy des Cars, ayant trouvé un de ses bouquins dans la rue, et me demandant si je devais le lire ou non (pour un jeune homme de 16 ans, le temps est précieux et comme sa parole était pour moi "parole d'Evangile"...) il me répondit ceci : "C'est un homme capable d'écrire ça :"Elle était juive mais pourtant belle"."
RépondreSupprimerBon. Je ne suis pas allé plus loin.
Personnellement je ne connais rien à la judéité ni à l'histoire des religions. Je trouve tout cela un peu "dépassé", un peu "folklorique", un peu "historique" et pourtant non, puisque tout le monde en parle encore ! Que tout le monde s'entretue encore pour tout ça !
J'avoue qu'un peu comme "Zézette épouse X", tout cela me dépasse...
Un lien que j'aime bien regarder souvent, pour entretenir le souvenir, l'oubli vient si vite :
https://www.youtube.com/watch?v=CnYT2gbkvK4
bien à vous,
Alain.
Aujourd'hui comme hier, les petits maîtres à penser ont toujours choisi le simplisme pour se vendre au plus grand nombre. Les affaires sont les affaires. Pour assaisonner leur soupe, ils puisent dans les poncifs de l'histoire comme on se fournit en aromates bas de gamme au supermarché le plus proche. Nous vivons dans une époque de goût du "lisse", alors quoi de plus opportun que de convoquer l'image d’Épinal de Voltaire et du siècle des Lumières ? Or, comme vous le rappelez, le personnage était plus complexe que sa représentation vertueuse et utilitaire d'aujourd'hui. L'idée d'un promoteur de la démocratie est la plus répandue, puisqu'on cite sans cesse la formule dans laquelle Voltaire se fait le défenseur inconditionnel de la parole de son adversaire. Pour autant, le démocrate modèle avait une idée plutôt aristocratique du gouvernement : "Un pays bien organisé est celui où le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui, et le gouverne." (Essai sur les mœurs et l'esprit des nations). Quant aux Lumières, il faut croire qu'il n'était pas dans son projet de les allumer à tous les étages : "...j'entends par peuple la populace qui n'a que ses bras pour vivre. (...) Il me paraît essentiel qu'il y ait des gueux ignorants." (Lettre à Etienne Damilaville, avril 1776). Bref, les prescripteurs de service ne connaissent probablement pas plus leur cher Voltaire que le Céline qu'ils maudissent sans soupçonner que ce dernier a pu écrire certains passages authentiquement humanistes, qui évoquent la vraie bonté, celle qui ne s'étale pas. Quant à Voltaire, l'idée n'est pas de l'accabler, peu importe. Mais de cet auteur je préfère retenir son "Candide" : une grenade d'ironie et d'amertume jetée aux pieds des marchands d'optimisme.
RépondreSupprimerVous avez bien entendu raison. L'Opinion, qui ne pense pas, a besoin de se coiffer à un moment ou un autre d'une Conscience. Voltaire, Sartre, Camus... On voit par là que l'Opinion ne lit pas non plus.
SupprimerOn invoque, à tort, Voltaire ces dernières semaines. On invoque la tolérance pour tenter de comprendre les actes barbares de ces derniers mois. Mais on oublie que le comportement barbare n'est pas l'apanage d'un peuple mais de l'humanité tout entière.
RépondreSupprimerOn invoque la culture et les écrits de certains philosophes pour se rassurer et se dire que grâce à la culture, les êtres humains sauront combattre leur barbarie.
Et on oublie que les nazis soi-disant cultivés qui lisaient Goethe ou écoutaient de la musique classique, allaient ensuite dans les camps pour assassiner des femmes et des enfants. On oublie que la culture n’exclut pas la barbarie, l’ignominie.
Il semble que la citation préférée des philistins - « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai etc… » ait en fait pour veritable auteur l’ecrivain anglais Evelyn Beatrice Hall, au debut du XXieme siecle. Citation qu’elle crea de toutes pièces pour definir la pensée de François Marie. Un grand merci à la delicieuse Adele Van Reeth et ses « nouveaux chemins », car je lui dois cette decouverte la semaine dernière. Excellente nouvelle ! J’y vois personnellement l’occasion de montrer combien je suis voltairien en souffletant le prochain niais qui s’avisera de degainer la fameuse citation. La tolérance, il y a des maisons pour cela. Pierre L.
RépondreSupprimerOn ne voit pas pourquoi Voltaire serait tolérant, au sens vertueux du terme. Son antisémitisme transperce bien des fois dans son œuvre, notamment, si ma mémoire est bonne, dans l'article "tolérance" de son Dictionnaire . Son traité est surtout un pamphlet contre le fanatisme. Quant à la tolérance, si on ne veut pas qu'elle ne soit qu'un vent de bouche, il faut la confier aux flics afin qu'ils tiennent en respect ceux qui veulent en découdre. "La gendarmerie est un humanisme", rappelle Houellebecq.
SupprimerDéfinition du Dandy Schiffter :
Supprimer"Vivre et mourir devant son miroir" :
http://www.quizz.biz/uploads/quizz/281795/1_g7c2h.jpg
Le gendarme est l'avenir du dé à en découdre.
D'un V. qui veut dire Vendetta.
Mon charmeur d'ennemi disait ceci :
RépondreSupprimer"Je suis tellement d'accord avec vous que je vais faire de mon mieux pour vous prouver le contraire."
Il disait aussi :
"Les imbéciles tellement imbus de leurs opinions..."
Imbus rimant avec Ubu et opinion avec oignons.
"Ne me mêlez pas à vos opinions"...
Ceci signé d'un V qui veut dire Vivelafemme - si elle existe, ce qui est loin d'être sûr.
Je connais une V mais elle signe V. Et, pour sûr, c'est une femme!
RépondreSupprimerAnachronisme? uchronie (mon vieux dada) ? faut il dire "indulgence" ou " àl 'époque".... mais partant du principe que nous avons reconnu les juifs comme "tels" dès le XVIIII° à Bayonne je m'interroge. Bien à vous cher surfer.. belles vagues hier cela dit... régulières mais une combi s'imposait
RépondreSupprimerCher Christian,
RépondreSupprimerIl faut bien admettre que, judéophobe ou antisémite, Voltaire détestait les Juifs et que la question de leur émancipation était le cadet de ses soucis. D'ailleurs, à l'époque, avant la Révolution, la question ne se posait nullement dans la classe intellectuelle.
Surfer en 4/3 ? En voilà un fanatisme!
Voyons-nous bientôt à une terrasse ensoleillée.
En vérité, je suis une espèce de taliban du shorty... Un verre agréablement pétillant à une terrasse ensoleillée sera partagé avec un réel plaisir, du Palais à Guétary nous avons le choix pour éviter les gargottes...Bien à toi Hombre !! ( les phobies diverses et variées finissent par m'agacer...)
Supprimer« Un antisémite, c'est quelqu'un qui déteste les juifs plus que nécessaire"
RépondreSupprimerAmicalement Votre
Un texte bien dérangeant pour les Bas-Bretons !
RépondreSupprimerSigné ; un Nantais
L'abbé de Saint-Yves, malgré ce petit avertissement lui demanda laquelle des trois langues lui plaisait davantage, la huronne, l'anglaise ou la française. «La huronne, sans contredit, répondit l'Ingénu. - Est-il possible ? s'écria Melle de Kerkabon ; j'avais toujours cru que le français était la plus belle de toutes les langues après le bas-breton.» (L’Ingénu).
RépondreSupprimerAujourd’hui les Kerkabon fréquentent les écoles Diwan mon cher Hub