En traînant l’autre jour à Biarritz, dans le secteur du phare, je pensais sans penser — à quelque chose de précis, veux-je dire. Je ne m’arrêtais sur aucun thème de réflexion, sur aucune impression ressentie. Mes pas me portaient dans telle ou telle direction, sans que je la choisisse vraiment. J’obéissais à l’automatisme du hasard. Je ne peux dire que j’étais dans mes pensées, puisque je ne réfléchissais pas. Cela m’arrive rarement de connaître pareil état. Car, lorsque je traîne, mes pensées en profitent pour s’agiter. Extérieurement, je passerais pour un flâneur, mais intérieurement pour un exalté. Par chance, quand je traîne ainsi, c’est toujours dans la proximité de l’océan. Or, le spectacle de son immensité souligne l’insignifiance de mes cogitations désordonnées et évanescentes. La contemplation de l’océan est la secrète adoration que je voue à ce maître d’indifférence.