Il y a deux jours, Aziz Zemouri publie dans Le Point une information qui fera «tomber» le couple Corbière-Garrido, députés de la France Insoumise. Dans leur bel appartement parisien dont les fenêtres donnent sur la Tour Eiffel, les deux islamo-chavistes emploient une femme de ménage algérienne sans papiers. Chargée de toutes les corvées domestiques, y compris de la tâche de garder leurs filles, elle est soumise à des «cadences infernales».
Aussitôt publié, le scoop est repris par Raphaël Enthoven, Éric Naulleau, Caroline Fourest. Les trois justiciers dégainent sur Tweeter leur culture: le ménage insoumis est pire que les Thénardiers! Voilà le vrai visage des anti-racistes: des esclavagistes! Mais, quelques heures plus tard, Zemouri, le gazetier, qui n'en est pas à son premier bidonnage (clic), est obligé de retirer sa petite calomnie, désavoué par le rédacteur en chef du Point qui présente ses excuses aux Corbière-Garrido. Car tout est faux dans le papier du délateur. Les deux Insoumis habitent Bagnolet. Ils n'ont pas de femme de ménage. Leurs filles ont entre elles dix ans d'écart, la plus petite, qui a neuf ans, va chez ses grands-parents quand elle sort de l'école. Donc, tout à coup, hélas pour les mousquetaires de la morale, plus de salauds à brocarder. Plus de saloperies littéraires à relayer sur les réseaux sociaux, plus de lynchage éthique. Cet épisode de maccarthysme d'égout m'a rappelé ce moment des Bijoux de la Castafiore, quand les Dupond et Dupont se voient obligés de reconnaître que les Romanichels sont innocents du «vol» de l'émeraude du Rossignol milanais. «Alors qu'on tenait des coupables, voilà qu'ils s'arrangent pour être innocents», disent-ils, amers, eux qui ont aussi la certitude de posséder un flair infaillible pour démasquer les méchants.