La raison pour laquelle vous ne verrez jamais Arnaud
Le Guern en vacances dans une station de ski, tient à son goût pour les espadrilles.
Qui dit espadrilles dit poésie d’un été, au bord d’un lac ou d’une plage du
bout de la terre, avec une fiancée que l’obsédé amoureux défait le soir de ses dessous
chics après l’avoir contemplée en bikini sous le soleil matinal. Qui dit
fiancée dit ressemblance avec une actrice des années soixante-dix. Qui dit actrice
de ces années-là, dit nostalgie d’un monde que Le Guern n’a pas connu mais exploré
à travers le cinéma de Chabrol, de Sautet, de Gégauff. Qui dit monde d’avant dit monde d’après, celui de son enfance
et de son adolescence encore présentes dans des lieux et des paysages qu’il
retrouve, justement, à la saison des espadrilles. Si Arnaud Le Guern musarde
dans le passé et le présent avec des semelles de corde, ce n’est pas par
coquetterie, mais pour narguer l’avenir qui abîmera les êtres chers — échapper,
dit-il, «au lourd défilé des jours froids».
Un stoïcisme chic. Adieu aux espadrilles ou
le roman d’un de ces étés plein de silences et de voluptés condamnés à
s’éloigner dans une représentation. Le memento
stylé qui rappelle aux amants de prendre garde à la douceur de leurs
baisers.